La folie des dossards
La folie des dossards revient sur l’engouement actuel pour les inscriptions aux courses et plus généralement sur la croissance dans la pratique du running et du trail.
Le phénomène avait déjà commencé l’année dernière et il continue de s’intensifier en 2025, il devient de plus en plus difficile de s’inscrire à une course de running et de trail. C’est dorénavant en quelques jours, quelques heures voire même parfois en quelques minutes que les dossards s’arrachent pour des évènements qui ont souvent lieu dans plusieurs mois. Et cela concerne les grands rendez-vous internationaux mais aussi des évènements de moindre envergure, et ce dans le monde entier. Les exemples sont légions, les courses sont de plus en plus complètes et de plus en plus tôt, à tel point que la première épreuve à réussir est maintenant de pouvoir cliquer plus vite que l’éclair pour s’inscrire à une course.
Pourquoi une telle folie ?
Recherche de bien-être, bénéfices sur la santé, reprise post-covid, recherche de nature, accessibilité, recherche de défis, multiplication des formats, féminisation des pelotons, mise en place du PPS, sport tendance… Les causes sont nombreuses sans être parfaitement expliquées mais c’est aujourd’hui tout un écosystème et la grande communauté de la “runosphère” qui entourent la simple pratique de la course à pied. On compte aujourd’hui plus 600 millions de pratiquants dans le monde et plus de 13 millions en France, un vrai phénomène mondial de société.
Observatoire du running Edition 2024 – Union Sport & Cycle
Du côté des coureurs
On ne peut pas dire que cette situation fasse l’unanimité chez les coureurs, les inscrits sont certes satisfaits mais la demande tellement croissante fait de nombreux déçus, d’autant que les organisateurs ouvrent leurs inscriptions de plus en plus tôt. Plus le temps de la réflexion, de l’état de forme du moment, de l’envie ou même du budget, il faut acheter son ticket comme on dévalise les magasins pendant les soldes ou pour avoir le dernier téléphone à la mode. Si cela est compréhensible pour certains grands évènements internationaux, pourquoi ouvrir les inscriptions plus de 6 mois à l’avance pour une course locale dont on sait qu’elle sera complète en moins de 3 mois. Ce “cercle vicieux” pousse les coureurs vers un système toujours plus consumériste et ses effets pervers collatéraux. Tout le monde ne souhaite ou ne peut pas anticiper de s’inscrire à une course des mois à l’avance, ni devoir y consacrer un budget aussi important en début d’année, à tel point que certains décident de pratiquer dorénavant leur passion sans dossard.
Du côté des organisateurs
Ils sont une bonne part à être surpris par cet engouement, bien sur pas ceux des grands rendez-vous très prisés, mais aussi des organisations plus modestes, les premiers contribuant indirectement à l’effet “boule de neige” de cette situation. Chacun fait face sans recette miracle : premier arrivé premier servi, pré-inscription, tirage au sort, vagues d’inscription, prix progressifs, bourse aux dossards, etc. Certaines grandes organisations sont lancées dans une course au gigantisme en terme d’évènements, de formats ou de quotas, avec toutes les conséquences organisationnelles, logistiques, budgétaires et environnementales que cela entraine, d’autres au contraire souhaitent conserver l’envergure contenue et l’authenticité de leurs évènements et en tout cas rejettent ce qu’ils considèrent être une dérive actuelle, poussant certains jusqu’à décider d’arrêter purement et simplement leurs manifestations.
Et la suite ?
Difficile de prédire si cette situation va continuer de croitre ou se stabiliser, bien que la “mondialisation” des courses et des circuits et la multiplication des formats se poursuivent sans relâche avec ses bons et ses mauvais côtés. La pratique évolue, les pratiquants aussi. Les adeptes actuels consomment les courses, s’équipent du matériel dernier cri, utilisent les nouvelles technologies, suivent des plans d’entrainement, font attention à leur alimentation et s’affichent sur les réseaux sociaux, avec là encore ses nombreux bénéfices mais aussi ses écueils. Gageons que cette tendance sociétale ne se fasse pas trop au détriment des valeurs pionnières de notre sport, qui en tout cas c’est certain a encore de beaux jours devant lui.
C’est cette actualité qui a inspiré Florent, alias FloWhyNot, pour notre rubrique du mois de janvier 2025.